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Thème de la session : Le procès : l’établissement de la preuve


Vendredi 10 Juillet 2009, 9h – 12h30


Président : Jean-Marc SOREL

  • contribution 01 - SOREL Jean-Marc

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    Introduction de séance

    (Début de la séance : 9 h 05)
    (Beginning : 9.05 am)

    Jean-Marc SOREL


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    Bonjour. Nous allons entamer une nouvelle session. Comme vous le voyez, je suis totalement isolé dans la solitude du pouvoir. J’ai donc ce matin un tout petit pouvoir qui est celui d’essayer de vous donner successivement la parole et d’une manière, si possible, ordonnée. Alors, je souhaite vraiment en 10 secondes me présenter, parce que nous ne nous connaissons pas. Je suis Jean-Marc Sorel, je suis professeur à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne en droit international, donc la même université qu’André Guichaoua, mais dans le domaine du droit. Un de mes centres d’intérêt, c’est de me pencher sur la justice internationale, mais la justice (...)
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  • contribution 02 - VANDERMEERSCH Damien

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    Phase d’enquête - Production de la preuve

    Damien VANDERMEERSCH


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    Merci, Monsieur le Président. Je suis Damien Vandermeersch, j’étais juge d’instruction dans « les affaires Rwanda » en Belgique. J’ai donc été appelé à travailler parallèlement avec les enquêteurs du Tribunal international avec, il faut le reconnaître, une procédure typique de civil law, avec un juge d’instruction qui s’est rendu sur place et qui dirigeait et organisait la récolte de la preuve. Parallèlement à cela, nous avons reçu beaucoup de demandes d’entraide judiciaire de la part du TPIR, donc des enquêteurs du TPIR, demandant également à récolter des preuves dans le cadre de l’entraide judiciaire. Je voudrais, par rapport à la problématique de ce (...)
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    J.M. SOREL

    Merci. Est-ce que quelqu’un souhaite intervenir sur cette question de l’utilisation de la preuve au moment du procès ? Aucun côté n’est intéressé par cette question ?

    Alors, peut-être sur un autre problème, pas directement lié à l’administration de la preuve mais l’utilisation de certaines preuves, je me tournerai vers André Guichaoua concernant les questions que je qualifierai de financières.


  • contribution 03 - GUICHAOUA André

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    Phase d’enquête - Production de la preuve

    André GUICHAOUA


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    Je voudrais simplement donner un exemple précis qui prolonge ce que Damien Vandermeersch vient d’aborder puisque c’est dans le cadre du premier procès... des premiers procès à Bruxelles que j’avais été amené à traiter des dossiers financiers avec quand même des résultats importants. En effet, il avait été possible de démontrer que le financement des milices s’était fait sur des versements directs de sociétés publiques ou d’entreprises qui étaient véritablement ponctionnées, mises en cessation de paiement pour financer nominalement les responsables de l’état-major des milices Interahamwe. Ceci avait été rendu possible d’une part parce que dans l’entreprise de (...)
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    J.M. SOREL

    Merci beaucoup. C’est un aspect effectivement qu’on avait un petit peu ignoré hier mais qui est très important. Est-ce que quelqu’un d’autre souhaite s’exprimer sur cette question ?
    Madame Arbia ?


  • contribution 04 - ARBIA Silvana

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    Divulgation de la preuve

    Silvana ARBIA


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    Je m’excuse d’intervenir même si je ne suis pas dans la bonne session. Mais je voulais faire observer que concernant la preuve, la Poursuite y a effectivement un intérêt à plusieurs titres. Tout d’abord, mon expérience du TPIR a révélé que la Poursuite était une première manière d’évaluer la pertinence de la preuve, puisque la preuve, c’est seulement ce qu’on soumet aux Juges — la preuve du procès. Mais c’est à la Poursuite de décider de la présenter ou pas, c’est la Poursuite qui a le fardeau de la preuve. Alors, est-ce que les juges d’un système comme le TPIR ne sont pas des Juges qui cherchent toute la vérité ? Les Juges doivent évaluer la pertinence de la (...)
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    J.M. SOREL

    Merci beaucoup pour ce témoignage important.

    Effectivement, je peux simplement vous confirmer que du point de vue universitaire en général, le système de recherche de la preuve à charge et non pas à décharge par le procureur est quelque chose qui a souvent été critiqué, du fait de cette absence d’équilibre.

    Si on résume ce que vous dites, la procédure consiste à rechercher la preuve à charge, puis à sélectionner, parmi ces preuves, celles qui pourraient aller dans le sens de la thèse de l’accusation. Ce processus, c’est vrai que a globalement posé le problème du rôle du Bureau du Procureur, c’est incontestable, du moins, du point de vue universitaire. Très généralement, c’est souvent ce qui a été souligné.

    On en parlera peut-être tout à l’heure à propos du modèle procédural, mais je crois que la Cour pénale internationale a au moins, sur ce point-là, non pas « tiré la leçon », mais au moins a retenu ce problème de déséquilibre sans doute.

    Est-ce que quelqu’un d’autre souhaite prendre la parole ? Oui, Madame Condé.


  • contribution 05 - CONDÉ Aïcha

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    Civil law vs Common law - Divulgation de la preuve

    Aïcha CONDÉ


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    J’aimerais moi aussi rebondir sur ce que Madame Arbia a dit, mais plutôt sur l’aspect frustration de la Défense. Vous avez cette preuve brute, vous dites : on n’a pas d’obligations de communiquer à décharge. Ce n’est pas vrai, il n’y a pas une obligation d’enquêtes à décharge mais il y a une obligation de communication à décharge. Or cette obligation de communication à décharge ne se fait pas. La pratique a montré qu’elle ne se fait pas. Peut-être que Monsieur Lurquin parlera de la décision qui est intervenue en octobre 2008 dans son affaire, où deux ans après la clôture de la présentation des moyens de preuve du Procureur, on a découvert qu’il avait (...)
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    J.M. SOREL

    Nous sommes encore une fois sur le débat général de ce que je qualifie de modèle procédural.
    Je crois que Monsieur Muna souhaite prendre la parole.


  • contribution 06 - MUNA Bernard Acho

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    Civil law vs Common law

    Bernard MUNA


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    President, I want to approach this question from the angles of the parties to the trial. I believe that the Tribunal concentrated too much on the accused persons and forgot that there were other parties. And I ask this question: Is the society, the society whose values, whose tranquillity has completely been broken and destroyed, is this society not a party to the process in this particular context? Are the victims, in fact in Rwanda we neglected the victims for quite a while, are the victims not a party to the process? Then we forget the witnesses. In this particular case, in your investigation, your are concentrating on the guilt of (...)
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    J.M. SOREL

    Merci pour ces témoignages et ces remarques très intéressantes qui continuent en quelque sorte d’alimenter la question du modèle.
    Dans le procès, il y a beaucoup de choses importantes, il y a des preuves. Tout à l’heure, André Guichaoua disait : « Quand même, une preuve, c’est mieux qu’un témoignage », un mauvais témoignage ou même un bon témoignage. Je voudrais justement m’intéresser maintenant aux témoins, parce qu’on en parlera à plusieurs reprises. Je compte revenir ensuite sur la Défense.

    Mais je souhaitais éventuellement donner la parole à Madame Becky parce qu’elle s’occupe de la protection des témoins et je pense qu’elle peut nous apporter des informations sur la manière dont les témoins ressentent le procès et la manière ou l’importance de ces témoins dans le procès.

    Si vous le souhaitez, j’aimerais que vous vous exprimiez sur ce point-là, mais ce n’est pas obligatoire, encore une fois, c’est comme vous le souhaitez.


  • contribution 07 - BECKY Sylvie

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    Le témoin et la preuve - Protection des témoins vs Publicité des débats

    Sylvie BECKY


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    Merci, Professeur Sorel. Je suis Sylvie Becky, en charge de la Section d’assistance aux témoins et victimes au TPIR. Nous avons la responsabilité première d’assurer l’acheminement des personnes à Arusha ou à La Haye en vue de leur témoignage devant le Tribunal. Cet acheminement se fait avec la coopération des États, parce que, comme vous le savez, le Tribunal n’a pas de territoire. Le TPIR a un accord avec l’État hôte qui est la Tanzanie qui nous assiste beaucoup dans nos opérations, mais ces témoins résident dans différents pays, y compris le Rwanda. Ces témoins ont différents statuts. Certains sont des citoyens dans leur pays de résidence, c’est le (...)
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    J.M. SOREL

    Merci beaucoup pour ces informations très pratiques et très intéressantes. Je ne voudrais pas du tout ouvrir ce débat-là, mais entre le témoin expert et le témoin détenu, et j’allais dire le témoin alpha, on a peut-être là aussi un problème de confusion de témoignages.
    Mais avant toute chose, je vois bien, mais j’ai un petit papier qui m’indique que Madame Dior Fall et James Stewart souhaitent prendre la parole. Donc, Madame Fall peut-être.


  • contribution 08 - FALL Dior

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    Divulgation de la preuve

    Dior FALL


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    Je voulais prendre la parole pour intervenir par rapport à la preuve à décharge, bien que nous soyons passés à un autre thème. Je voulais intervenir avant même l’intervention de l’Avocat de la défense Madame Aïcha Condé pour dire que le Procureur au niveau de la preuve, se charge aussi de la preuve à décharge en communiquant en vertu de l’Article 68 du Règlement les éléments considérés comme éléments de preuve à décharge. Le problème qui se pose maintenant, c’est de savoir qui est habilité à considérer comme disculpatoire certains éléments de preuve ? Je pense que c’est la question qui se pose. Il appartient, à mon avis, au Procureur de le faire puisque c’est sa (...)
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    J.M. SOREL

    Merci beaucoup pour cette précision importante. Monsieur Stewart ?


  • contribution 09 - STEWART James

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    Disclosure of evidence

    James STEWART


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    I just wanted to say in response to what Aicha Conde was saying that there is, in fact, as far as I am concerned, a control by the Judges. It exists now. The system that we’ve got can be made to work because if the Prosecution fails in its very serious obligation to communicate elements to the Defence that are helpful to the Defence, the Defence has a recourse to the Trial Chamber. That’s the control it exists. In the sort of system that you see at the ICTR, there is a very powerful obligation on the Prosecutor to communicate to the Defence elements that would be of assistance to the Defence. That is the responsibility that the (...)
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    J.M. SOREL

    Alors, la parole est à la Défense. En tout cas, Jean-Marie Biju-Duval a demandé la parole, je la lui donne.


  • contribution 10 - BIJU-DUVAL Jean-Marie

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    Protection des témoins vs Publicité des débats

    Jean-Marie BIJU-DUVAL


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    Merci. Je m’appelle Jean-Marie Biju-Duval, je suis Avocat à Paris. J’ai eu l’occasion d’exercer au TPIR dans le procès des Médias, et j’interviens actuellement dans le cadre du dossier Lubanga devant la Cour pénale internationale également en défense. Puisqu’il est question de tirer les leçons d’une expérience, la transition des TPI à la CPI est évidemment importante. Je voudrais intervenir à la suite de l’intervention de Madame Becky et de celle de Monsieur Stewart sur une question qui traverse beaucoup de domaines. Je veux parler de la question du secret. La question du secret d’abord en relation avec les témoins et en relation avec la protection des (...)
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    J.M. SOREL

    Merci beaucoup pour la manière dont vous marquez ce particularisme important. J’ai beaucoup de demandes pour prendre la parole, donc je demanderai à chacun de ne pas être trop long. Monsieur Reyntjens d’abord.


  • contribution 11 - REYNTJENS Filip

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    The witness and the evidence - witnesses

    Filip REYNTJENS


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    Thank you. I have a question. Evidence at the ICTR is mostly on the basis of testimony. Now, there is a concept that is widespread: the issue of false testimony or perjury. I have a question for all the stakeholders that face this problem. Prosecution and Defence are on their own, witnesses and the witnesses of the other side. How is this issue managed? How should it be managed, the issue of false testimony, which to me is quite important?
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    J.M. SOREL

    Nous y reviendrons peut-être, mais avant, je vais donner la parole à Monsieur Kwende, dans l’ordre des demandes.


  • contribution 12 - KWENDE Alfred

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    Investigation - Production of evidence

    Alfred KWENDE


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    Thank you, Mr. Chairman. I thought I should complete somehow, from my own standpoints, the information communicated by the head of witness and victim support section at ICTR. I am head of investigations at ICTR. Before Prosecution witnesses reach the courts, they are handed over by investigators. There is so a protective front to witnesses that goes on before that stage. And not every witness from whom a statement has been recorded actually goes to court. So those witnesses need persistent and constant attention. The tendency is to forget that aspect of it. In fact, if we look at the Rules of Procedure and Evidence at ICTR, Rule 34, (...)
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    J.M. SOREL

    Merci. On sait que les catégories se multiplient. Puisque, comme vous venez de l’expliquer, il y a aussi des témoins, disons, dont il faut s’occuper presque socialement, c’est-à-dire en prendre soin et éventuellement se déplacer. Madame Ayodeji Fadugba ?


  • contribution 13 - FADUGBA Ayodedji

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    Disclosure of evidence - Production of evidence

    Ayodeji FADUGBA


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    Actually, I was going to talk about the issue of exculpatory evidence which Ms. Conde raised. It is only to say that even after the judgement in the OTP, there are findings on the record. We still have a team that will go through the judgement and look at what we have in our databases to see if there are exculpatory elements that do not go with what was found in the judgement so that we could make disclosure to the Defence. I think the jurisprudence has expanded to the point where we can safely say that as we look for inculpatory information, we are also looking for exculpatory information. I wanted to add that. Following Mr. Duval’s (...)
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    J.M. SOREL

    La seule certitude qui émerge c’est qu’il s’avère assez compliqué effectivement dans la situation qui est celle du Rwanda d’obtenir des témoignages et une protection de témoins suffisante.

    Je vais laisser donc laisser la parole, successivement et pour de brèves interventions je précise, tout d’abord à André Michel Essoungou et, ensuite, à François Roux et, enfin, à Roland Amoussouga.


  • contribution 14 - ESSOUNGOU André-Michel

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    Protection des témoins vs Publicité des débats

    André Michel ESSOUNGOU


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    André Michel Essoungou, journaliste à l’époque des faits. Ma petite contribution consiste simplement à ajouter à ce qu’a dit Maître Biju-Duval, mais selon le point de vue du journaliste que j’ai été pendant deux ans travaillant pour une radio qui avait l’ambition de couvrir ce Tribunal à un moment où, ni la presse internationale, ni personne n’était présent à Arusha. Le secret sur les témoins et sur les débats, je crois bien comprendre, on l’a souvent entendu, était important pour diverses raisons sécuritaires. Mais pour les journalistes et à plus long terme pour le grand public, cela entraînait l’impossibilité de suivre ce qui se passait là-bas, notamment (...)
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    J.M. SOREL

    Magnifique question pour terminer. François Roux, non pas pour répondre à cette question mais pour une remarque.


  • contribution 15 - ROUX François

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    Protection des témoins vs Publicité des débats

    François ROUX


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    Non, pour remercier, parce que c’est effectivement une question très importante. Je voudrais juste dire deux choses, en ce qui concerne les témoins. Puisque nous sommes là pour faire un bilan, je voudrais dire ici publiquement tous mes remerciements et les remerciements de mes équipes à la Section des témoins animée par Sylvie Becky. Je dois dire qu’en ce qui nous concerne, nous avons trouvé cette Section extrêmement professionnelle. Et vous savez que je ne ménage pas mes critiques quand j’en ai. D’ailleurs, vous allez le voir dans la deuxième phase. Mais je crois qu’il faut rendre justice à ceux qui font ce travail. Malheureusement, ça n’a pas (...)
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    J.M. SOREL

    Merci. Finalement, ce n’était pas si méchant que cela. Monsieur Amoussouga ?


  • contribution 16 - AMOUSSOUGA Roland

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    Protection des témoins vs Publicité des débats

    Roland AMOUSSOUGA


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    Merci beaucoup. Je tenais tout simplement à ajouter que la notion de la protection des témoins était une notion absolument nouvelle par rapport au contexte dans lequel le TPIR a opéré. Jusqu’à ce jour, ce contexte est toujours un défi pour la bonne marche des opérations du TPIR. C’est pourquoi il me plaît ici de souligner que non seulement cette notion n’était pas maîtrisée au moment où le TPIR a commencé, puisqu’il a fallu sensibiliser les États, mais aussi de noter que la prise en compte pratique de cette notion était plus ou moins fragilisée par le manque de ressources. La protection des témoins n’est pas une activité qui vient sans coût. Hélas, les (...)
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    J.M. SOREL

    Merci. Alors, Monsieur Webster et ensuite Madame Fall.


  • contribution 17 - WEBSTER Don

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    witnesses - Protection vs Publicité

    Don WEBSTER


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    I think in some respects the witness protection regimes in the ICTR have not caught up to the changes in the global situation of witnesses introduced by Gacaca in Rwanda. In a context where Gacaca forces everyone to testify without any sort of protection, it makes the way we’ve approached witness protection in the ICTR out of pace with global developments in managing witnesses of genocide. If witnesses can testify without protection in Rwanda, I don’t see why the same regime can’t be introduced in the ICTR. Witness protection issues impact upon some of the questions that Madam Conde raised, which is our ability to go through our records (...)
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    J.M. SOREL

    Il y a donc une proposition assez provocatrice : pourquoi ne pas supprimer la protection des témoins ? pourquoi pas ? Je résume évidemment d’une manière assez grossière, ne vous inquiétez pas. Madame Fall ?


  • contribution 18 - FALL Dior

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    Protection des témoins vs Publicité des débats

    Dior FALL


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    Je vous remercie. Je voulais intervenir concernant la protection des témoins. Pour moi, lorsque j’ai entendu tout à l’heure mon ami Michel André Essoungou, journaliste, dire que c’était vraiment trop secret, qu’on ne pouvait pas savoir ce qui se passait, je pense qu’il faut revenir aux principes. Il est vraiment très important de déterminer si le témoin a un droit ou non d’être protégé. Vous avez des témoins qui arrivent et qui disent : nous voulons témoigner à visage découvert. Ça ne nous gêne pas, ils assument. Mais vous en avez d’autres, je parle des témoins en général, aussi bien ceux de la Défense ou ceux du Procureur, c’est la même chose, qui, (...)
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    J.M. SOREL

    Merci beaucoup, Madame Fall. C’est très intéressant. C’est l’opposition entre une protection des besoins judiciaires et ceux de rendre l’information.

    Alors, j’ai encore deux noms avant la pause. Je suis désolé, je vais tous vous demander d’être très brefs, parce que après nous avons droit à un café. C’est une bonne raison pour être brefs.

    Vincent Lurquin, après Madame Arbia et nous nous arrêterons là avant la pause-café. Brièvement, s’il vous plaît.


  • contribution 19 - LURQUIN Vincent

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    Protection des témoins vs Publicité des débats

    Vincent LURQUIN


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    Suite à ce que disait Maître Stewart sur la divulgation par le Procureur des faits disculpatoires à la Défense, il est évident que ce n’est pas au Procureur de savoir quels éléments la Défense veut avoir. Il est évident aussi que c’est difficile pour la Défense de préciser ces éléments à partir du moment où le Procureur dit qu’il ne les a pas. Mais le débat est tranché. J’ai une affaire qui est en cours, qui nécessite une certaine confidentialité. La Chambre a tranché, elle a dit dans mon procès Ndindiliyimana que, effectivement, il y avait eu erreur de la part Procureur. La Chambre a obligé le Procureur à divulguer. Mais l’on s’est rendu compte aussi que (...)
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    J.M. SOREL

    Merci. Madame Becky, je pense que vous serez heureuse d’être venue. Madame Arbia, rapidement, s’il vous plaît.


  • contribution 20 - ARBIA Silvana

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    Protection des témoins vs Publicité des débats

    Silvana ARBIA


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    Très, très rapidement. Bien sûr, tout le monde connaît la valeur de la protection des témoins, mais personne n’a parlé de la protection que les parties peuvent aussi mettre en place. C’est-à-dire préparer les interrogatoires en chef et les contre-interrogatoires, éviter des huis clos continus. C’est une manière aussi de protéger les témoins et aussi de protéger le droit du public à intervenir : utiliser les témoins quand ce n’est pas possible d’utiliser une autre preuve. Donc, on a aussi l’expérience de mettre en preuve les déclarations de témoins, ça aussi, c’est possible. Il y a là un autre problème qui peut être intéressant. Dans le système du TPIR, on (...)
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    J.M. SOREL

    D’accord. Merci beaucoup. Monsieur Haguma, et rapidement ; et après, une phrase de Monsieur Essoungou.


  • contribution 21 - HAGUMA Jean

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    Le témoin et la preuve - Protection des témoins vs Publicité des débats

    Jean HAGUMA


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    Très rapidement. Je ne suis pas contre la protection des témoins, mais je voudrais quand même souligner un inconvénient à cette protection des témoins sur le terrain. Je suis avocat à Kigali. Le fait d’être protégé dès la colline, le fait qu’on ne connaisse pas son nom, le fait qu’on ne sache pas dans quelle affaire il va témoigner, amène souvent ces témoins à faire des faux témoignages. Cet inconvénient est très important. Il y a beaucoup de faux témoignages à cause du fait qu’on sait qu’il n’y aura pas de conséquence. On ne saura même pas ce qu’il a dit. Je vous remercie. Enfin,je voulais dire que je ne suis pas d’accord avec mon confrère en ce qui concerne (...)
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    J.M. SOREL

    Merci. Je ne suis pas sûr que ce soit totalement en dehors, mais bon. Monsieur, pour la phrase de conclusion avant la pause-café.


  • contribution 22 - ESSOUNGOU André-Michel

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    Protection des témoins vs Publicité des débats

    André-Michel ESSOUNGOU


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    Deux détails pour rassurer Madame Fall. Non, il ne s’est jamais agi du plaisir des journalistes que de voir ce dont il est question. Pour tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre sont impliqués dans cette justice, la publicité des débats, le droit du public de savoir me semblent une chose importante. Si i le Conseil de sécurité de l’ONU en votant sa Résolution qui créait le Tribunal parlait de contribuer à la réconciliation, je vois mal comment ce Tribunal y contribuerait sans que les Rwandais ainsi que d’autres puissent voir ce qui s’y passe. Il s’agit pour les journalistes, de la nécessité de rendre plus accessibles ces débats. Non, notre plaisir (...)
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    J.M. SOREL

    Merci beaucoup. Donc, une pause-café jusqu’à 11 heures.

    (Suspension de la séance : 10 h 40) (Recessed at 10.40 am)


  • contribution 23 - SOREL Jean-Marc

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    (Reprise de la séance : 11 h 05)

    J.M. SOREL


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    Chers amis, si vous le voulez bien, nous allons reprendre nos débats assez riches. Après la première partie de la matinée très riche, je souhaite donc que nous reprenions nos débats qui, je l’espère, seront aussi actifs et aussi vivants. Je vais peut-être laisser un peu de côté les témoins pour le moment, parce que j’ai l’impression qu’ils pourraient nous occuper à eux seuls pendant trois jours, mais nous y reviendrons sans doute. J’aimerais également ensuite, peut-être pas immédiatement, laisser la parole aux Juges, notamment à la Vice-présidente Khan et au Juge Arrey qui ont fait des réflexions très intéressantes sur la question du modèle procédural qui, (...)
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  • contribution 24 - APTEL Cécile

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    Place des victimes dans la procédure

    Cécile APTEL


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    Très brièvement, simplement pour indiquer que beaucoup d’observateurs ont déploré le fait que le TPIR, tout comme d’ailleurs le Tribunal ad hoc pour l’ex-Yougoslavie, n’aient jamais permis aux victimes d’être représentées en tant que victimes dans la procédure, représentées durant l’audience par une procédure qui pourrait être très proche de celle des parties civiles. En ce domaine et en ne retenant que les aspects de la procédure anglo-saxonne, on a tronqué la procédure pénale. Un problème de représentation des victimes s’est posé qui, je crois, a eu un impact plus grand qu’on ne le reconnaît. Ne pas accorder non seulement aux victimes la place qui leur (...)
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    J.M. SOREL

    Merci beaucoup. Juste une remarque sur, une fois de plus peut-être, les améliorations apportées par la Cour pénale internationale sur la base de cette expérience et de celle de l’ex-Yougoslavie.
    François Roux.


  • contribution 25 - ROUX François

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    Place des victimes dans la procédure

    François ROUX


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    Juste un mot sur les victimes. Je fais partie de ceux qui ont beaucoup regretté que l’on n’ait pas donné aux victimes l’accès au TPIR. En même temps, on leur a donné maintenant accès à la Cour pénale internationale, et Jean-Marie Biju-Duval peut en parler mieux que moi. On leur a donné aussi au Cambodge, et je dois bien admettre aujourd’hui que c’est extrêmement compliqué : elles sont plus que participatives, elles sont même parties civiles. On a ouvert la boîte, mais on ne s’est pas encore vraiment donné les moyens de savoir comment cela se gère. Dans le premier dossier actuellement devant le Tribunal du Cambodge, nous avons 93 victimes. Ce n’est pas (...)
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    J.M. SOREL

    Jean-Marie Biju-Duval, un petit mot complémentaire.


  • contribution 26 - BIJU-DUVAL Jean-Marie

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    Place des victimes dans la procédure

    Jean-Marie BIJU-DUVAL


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    Juste une réflexion qui a pu me venir au regard du début d’expérience de la Cour pénale internationale. J’ai envie de dire qu’il s’agit d’un problème de masse critique. La question spécifique qui se pose est celle de la place que l’on accorde à la victime dans le cadre des poursuites et des procédures concernant les crimes de masse. À partir du moment où il y a crime de masse, où il y a multitude de victimes : 2000, 5 000, 10 000, 800 000. Cela donne à la question de la participation de la victime non seulement une autre dimension, mais aussi lui fait changer de nature. S’il s’agit de défendre les intérêts personnels des victimes, si 300 ou 1 000 (...)
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    J.M. SOREL

    Merci beaucoup. En notant au passage que, pour une fois, ce qui est parfois critiqué, c’est-à-dire la non prise en compte des victimes et la question afférente des réparations, d’une part, n’est pas particulière au Tribunal pour le Rwanda et, d’autre part, ne semble pas, d’après ce que vous dites, forcément résolue auprès des juridictions internationales qui, au contraire, font une place aux victimes. Vincent Lurquin.


  • contribution 27 - LURQUIN Vincent

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    Place des victimes dans la procédure

    Vincent LURQUIN


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    Juste un petit mot, puisque j’ai choisi d’être à la CPI, mais du côté des victimes. Je crois vraiment essentielle cette place de représentant légal. Mais symboliquement, c’est dommage, parce que d’un côté vous avez des avocats, de l’autre côté, au niveau des victimes, vous avez une représentation légale. Donc on ne parle même pas d’avocats par rapport à cela. La victime, au niveau du TPIR, doit passer par le statut de témoin. Nous avons obtenu, au niveau de la Cour pénale, le fait que la victime puisse avoir une parole propre. Elle doit évidemment avoir une identité, notamment par rapport au Procureur. Je crois que les problèmes que nous analysions hier à (...)
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    J.M. SOREL

    Merci beaucoup.
    Je pense qu’on ne peut pas aller beaucoup plus loin sur cette question des victimes et des réparations, mais il fallait quand même en dire un mot et soulever la question et le problème.

    Un problème qui paraît incident, qui paraît technique, mais qui est fondamental lorsque l’on est un acteur des procès, c’est la question de la traduction. Je voudrais laisser la parole à quelqu’un qui a longuement, dans un papier et d’une manière très intéressante, évoqué cette question de traduction, c’est Monsieur Alphonse MPATSWENUMUGABO. Je vous laisse la parole.


  • contribution 28 - MPATSWENUMUGABO Alphonse

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    Enjeux des traductions

    Alphonse MPATSWENUMUGABO


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    Je vous remercie, Monsieur le Président. Je m’appelle Alphonse Mpatswenumugabo. J’épelle parce que, effectivement, mon nom est très difficile pour des personnes qui ne parlent pas le kinyarwanda ou le kirundi. Avant de rejoindre le Tribunal pénal international pour le Rwanda, je travaillais à Jeune Afrique et je voyageais beaucoup, même les autres africains, tout le monde m’appelait Alphonse, donc ne vous gênez pas. Je vais effectivement parler du rôle de l’interprète dans les procès devant le TPIR, et particulièrement du cas de l’interprète de la cabine kinyarwanda. Je commence par le recrutement. Lorsque le TPIR a ouvert ses portes, il y avait, au (...)
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    J.M. SOREL

    Merci beaucoup. Pardonnez-moi d’avoir un peu raccourci, peut-être, ce que vous souhaitiez dire, parce que nous avons peu de temps et beaucoup de choses à dire, mais je tenais absolument à ce que vous vous exprimiez parce que je considère que l’interprétation est un problème crucial, et vous l’avez souligné, d’autant plus que la quasi-totalité des témoins ne parlent ni anglais ni français ou, du moins, ne s’expriment pas totalement dans cette langue et que votre rôle est fondamental.

    Je crois que vous avez d’ailleurs rajouté dans votre papier que vous vous inquiétez de la suppression de certains postes d’interprètes, vous ne l’avez pas dit, donc je le dis à votre place.

    François Roux, vous voulez réagir, je crois, assez rapidement.


  • contribution 29 - ROUX François

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    Enjeux des traductions

    François ROUX


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    Oui, vraiment en deux mots. Merci beaucoup à Alphonse parce que c’est un problème majeur devant nos tribunaux internationaux, et j’aimerais que le bilan que l’on va dresser de ce Tribunal tienne compte de cette difficulté qui a été si bien exprimée et qui, malheureusement, n’est pas encore réglée devant les autres tribunaux, il faut bien le dire. Lorsqu’avec Aïcha Condé nous faisions partie d’un petit groupe d’experts auprès de Bruno Cathala, le précédent Greffier de la Cour pénale internationale, nous avions assisté à un séminaire organisé spécialement par les interprètes. Ils nous disaient que quand nous parlons correctement, dès lors qu’il y a traduction, (...)
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    J.M. SOREL

    Merci. Je crois que votre message, en tout cas, est passé à 100 %. Monsieur Kwende veut prendre la parole rapidement et ensuite, nous passerons à un autre thème.


  • contribution 30 - KWENDE Alfred

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    Investigation - Production of evidence

    Alfred KWENDE


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    I just thought that what Alphonse said was very important. It reinforces one of the challenges I was going to express along the way. That is, at the court level most of the documents are generated by investigators. Put yourselves in the position of an investigator in Rwanda. Most of our international staff, they don’t speak Kinyarwanda and they have to use Kinyarwanda speaking Rwandans to do interpretation. Their job is beyond interpreting words. It’s also interpreting the culture into the statements that are recorded by witnesses. And believe you me, most of the sense is lost, or we spend more time trying to get into the frame of (...)
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    J.M. SOREL

    J’en profite pour remercier les personnes qui sont en haut, dans cette cabine, et qui font un très bon travail.

    Madame Ngendahayo, que j’aurais d’ailleurs pu interroger sur les victimes, pardonnez-moi, je vous laisse la parole. Ensuite, nous passons à un autre thème, c’est promis.


  • contribution 31 - NGENDAHAYO Françoise

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    Difficulté du témoignage - Enjeux des traductions

    Françoise NGENDAHAYO


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    Merci, Monsieur le Président. Je voulais juste illustrer ce que l’interprète vient de dire en donnant un exemple, pour avoir eu le privilège de suivre de près le procès d’Akayesu il y a quelque temps. En effet, la victime avait des problèmes pour exprimer le viol dans sa langue nationale en utilisant une traduction adéquate. Dans certaines circonstances, une traduction inadéquate peut faire perdre du temps au procès. Dans la culture rwandaise et burundaise, le mot « viol » est confondu avec le mot « mariage ». Ainsi, la victime avait déclaré à la Cour qu’elle avait « été mariée » au lieu de dire qu’elle avait été « violée ». Donc, ceci a pris énormément (...)
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    J.M. SOREL

    Merci beaucoup, Madame. Cette précision est non seulement très importante, mais je l’ignorais et je la trouve extrêmement intéressante par rapport, effectivement, au sens que l’on donne à certains mots et donc, à partir de là, à certaines inculpations qui peuvent exister.

    Nous n’allons pas faire le procès de la Défense, mais tout de même, dans les différentes fiches que j’ai pu lire, la Défense est attaquée. C’est normal, c’est bien, puisque à priori, son rôle est plus de défendre. Attaquée, pourquoi ? Globalement, pour un problème de déontologie, mais pas de déontologie individuelle, de déontologie commune ou de code de conduite commun. Il semblerait qu’on lui reproche de ne pas avoir une ligne globale de conduite dans cette défense. Je ne juge pas, je ne fais que reprendre des témoignages que j’ai pu lire dans les différentes fiches.

    Madame Condé, hier, a abordé la question du négationnisme — appelons-le par son nom —, le négationnisme qui serait né, finalement, du rôle du Procureur. Il existe, semble-t-il, un problème de ce côté là, mais il existe peut-être aussi le problème du « coupable idéal versus innocenté à tout prix ».

    Quel est le rôle de l’avocat : la recherche de la vérité, innocenter son client ? Est-ce qu’il n’y a pas aussi ce que je pourrais appeler — mais cela ne sortira pas de cette salle — le « syndrome Vergès », pour les franco-français, c’est-à-dire le ténor du barreau qui, à tout prix, va vouloir innocenter, y compris en prenant des attitudes un peu provocantes ?

    Je crois également qu’au sujet du rôle de la Défense, il y avait un passage important mentionné dans la fiche de Monsieur Amoussouga concernant la fameuse décision de juin 2006 sur le constat judiciaire d’existence du génocide et qui, peut-être aurait facilité votre travail si ce constat avait pu être fait auparavant. S’ajoutent également d’autres problèmes.

    Quoi qu’il en soit, je souhaiterais donner la parole, avec son accord, à Madame Florida Mukeshimana qui a mentionné dans son papier un témoignage tout à fait intéressant. Je résumerais en disant : un témoin qui se retrouve pratiquement accusé. Mais je le résume en une phrase. Je souhaiterais donc que vous vous exprimiez sur cette question-là, Madame.


  • contribution 32 - MUKESHIMANA Florida

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    Difficulté du témoignage

    Florida MUKESHIMANA


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    Merci, Professeur. Je m’appelle Florida, je suis une rescapée du génocide et des massacres politiques rwandais de 1994. Je dois dire que, dès la création du TPIR, j’ai manifesté le désir de témoigner devant cette institution. J’ai écrit beaucoup de lettres, avec des amis, au TPIR, à l’ONU, à de nombreux organismes, pour témoigner de ce que j’avais vu. J’ai été convoquée par le TPIR 12 ans après. J’ai répondu positivement parce qu’il me semblait que c’était mon devoir de témoigner. Mais au départ de Bruxelles, j’avais quand même peur. J’ai demandé à être protégée à mon arrivée à Arusha. Je reviens un peu sur le thème de témoins protégés et non protégés. Un (...)
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    J.M. SOREL

    Merci, Madame, pour votre témoignage que je qualifierais d’émouvant. Peut-être la parole à la Défense. Cette fois-ci, pour se défendre, justement — ce n’est pas obligatoire.
    Madame Condé.


  • contribution 33 - CONDÉ Aïcha

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    Civil law vs Common law - Difficulté du témoignage

    Aïcha CONDÉ


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    J’aimerais répondre à Florida. Je pense que la première difficulté à laquelle vous avez été confrontée, c’est celle du système juridique dans lequel vous avez témoigné. Dans votre système au Rwanda, et dans le mien, le témoin dépose. Il vient, il sait ce qu’il a à raconter, il raconte tout ce qu’il a à raconter, personne ne l’interrompt. Et puis, éventuellement, on pose des questions d’éclaircissement et on pose ces questions d’éclaircissement par le biais du Président. Là, on vous pose des questions, et après, la partie adverse est obligée de vous contre-interroger pour obtenir des éclaircissements ou bien tester votre crédibilité. Ce que vous avez ressenti, (...)
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    J.M. SOREL

    Bien. Donc, là, visiblement, la Défense devient l’Accusation, l’Accusation devient la Défense, etc.
    Madame Migeot voulait dire quelque chose.


  • contribution 34 - MIGEOT Valérie

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    Phase d’enquête - Production de la preuve

    Valérie MIGEOT


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    Je suis Enquêteur de la police belge. Pour revenir sur ce que Madame Florida Mukeshimana vient de dire, je ne vais pas parler du volet devant la Cour, mais du volet en amont, donc du contact pris avec les témoins en Belgique, pour la plupart, soit par les enquêteurs, soit par les représentants du Bureau du Procureur d’Arusha. Ce que je peux dire de façon générale, c’est qu’il existe une différence de qualité dans les personnes qui se présentent et que nous devons assister en Belgique dans la façon dont elles prennent contact avec les témoins. Il ne ressort pas de ma qualité de me prononcer sur les critères de sélection dans le recrutement de (...)
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    J.M. SOREL

    Merci, Madame, pour ce témoignage. Monsieur Muna brièvement, s’il vous plaît.


  • contribution 35 - MUNA Bernard Acho

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    Position of victims in proceedings - witnesses

    Bernard MUNA


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    I shall be very short. I just wanted to say that the problem raised by the witness is not solved by the recognition that this system is like this or this system is like this. I think that one of the good things that come out of here is to recognise that we must build a system that will bring a proper enquiry to bring out the truth and at the same time respect the dignity. I think the story of this Rwandan lady is sad. To say that the system allowed it is not a comfort to her. That’s why, as I said to my English speaking friends, I saw that the inquisitorial system maintained a balance between all the witnesses and maintained a (...)
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    J.M. SOREL

    Vincent Lurquin, André Guichaoua et après, vraiment, je laisse la parole aux Juges. Je suis vraiment désolé, mais je voudrais qu’ils s’expriment.


  • contribution 36 - LURQUIN Vincent

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    Difficulté du témoignage - Place des victimes dans la procédure

    Vincent LURQUIN


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    Il est vrai que les propos de Madame le témoin nous interpellent. Mais sachez bien que jamais ni moi ni mes confrères n’avons eu l’impression de vouloir attaquer personnellement un témoin. Aïcha vous l’a dit, c’est aussi un problème de droit, de common law auquel nous ne sommes pas habitués. Vous avez peut-être témoigné devant la Cour d’assises à Bruxelles, c’est tout à fait différent. Effectivement, l’intégrité et le témoignage du témoin dans le cadre de la civil law sont plus respectés. Ceci dit, ce que vous dites est important, et je ne voudrais pas parler à votre place parce que ce serait la pire des choses, mais cela revient au fait de dire (...)
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    J.M. SOREL

    Très bien. André Guichaoua.


  • contribution 37 - GUICHAOUA André

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    Difficulté du témoignage

    André GUICHAOUA


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    C’est aux Juges que je voulais m’adresser, puisque, avec Alison Des Forges, je suis le témoin qui a le plus témoigné devant les chambres d’Arusha, notamment dans un procès dans lequel j’ai été mobilisé pendant cinq semaines en deux fois. Je ne pense pas que ce soit arrivé à beaucoup d’autres personnes, mais je voudrais simplement dire une chose : les débats furent tellement vifs et intenses, qu’un des accusés s’est évanoui, que l’avocate a eu un malaise, et le dernier jour, il m’est arrivé la même chose, mais c’était dans les minutes qui ont suivi la fin du procès. Je voudrais rappeler que les Juges ont une responsabilité dans le fait que des procès (...)
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    J.M. SOREL

    Merci. C’est une transition qui est absolument parfaite pour moi puisque, finalement, si l’on traduit un petit peu cette question, elle devient : le Juge devrait-il être plus inquisitoire ? Devrait-il intervenir plus ? Devrait-il, finalement, faire plus la police des débats et peut-être aller plus loin lui-même dans l’investigation ?

    Encore une fois, ressurgit le problème qui traverse nos débats depuis hier et qui, sans doute, seront ceux de cet après-midi : la question du modèle procédural utilisé par le Tribunal pénal international pour le Rwanda, modèle procédural essentiellement anglo-saxon saupoudré de civil law. Un modèle qui sert un peu de tremplin à la Cour pénale internationale. À ce propos, j’ai noté que Madame la Vice-présidente Khan faisait des remarques intéressantes à ce sujet et Madame la Juge Arrey, également, avait listé toute une série de problèmes provenant du modèle procédural du Tribunal pénal international pour le Rwanda, que ce soit l’absence de jugement par contumace, que ce soit le plaider coupable, etc.

    J’aimerais donc, si vous le souhaitez, que vous vous exprimiez peut-être, Madame la Vice-présidente, sur ces questions.


  • contribution 38 - KHAN Khalida Rachid

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    Position of victims in proceedings - witnesses - Longueur des procédures

    Juge Khalida Rachida KAHN


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    Thank you very much. I will start by greeting Mr. Chairman, Honourable President, Honourable Judges, Mr. Prosecutor, Mr. Registrar, and all distinguished guests present here. Before I proceed to present my paper, I would like to make a small brief observation on the comments made by Madam Florida and Aïcha Condé. We are very vigilant, very attentive when we are in the court, very much concerned about the witnesses, especially the victim witnesses. We would not allow the Prosecution to put any question which would traumatise the witness. We would not allow the Defence to cross examine the witness beyond the limits of cross examination. (...)
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    J.M. SOREL

    Merci, Madame la Vice-présidente. Peut-être Madame la Juge Arrey, Monsieur le Juge Short, je ne sais pas. Vous intervenez peut-être pour synthétiser également vos propos.


  • contribution 39 - ARREY Florence Rita

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    Civil law vs Common law - Position of victims in proceedings - witnesses - Protection vs Publicité

    Juge Florence Rita ARREY


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    Thank you very much so that Judge Short shouldn’t start. Thank you, Mr. Chairman. I just wanted to say that after the Akayesu case, Media case and the Kambanda Case, in December last year the Tribunal also came up with another landmark where it was held that music could constitute genocide. In the Bikindi case, the Court found that in three compositions of Bikindi, the lyrics in those songs were used during the genocide, that is, from April to June, RTLM played the songs with comments from the journalists. Because of the message conveyed, because of the words that were contained in the lyrics and the comments made by the journalists, (...)
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    J.M. SOREL

    Merci beaucoup, Madame, pour ce témoignage haut en couleurs, avec quelques exemples, mais aussi des choses évidemment très sérieuses comme la question du jugement par contumace. C’est vrai qu’une juridiction internationale vient effectivement d’être créée — le Tribunal spécial pour le Liban —, avec la possibilité de juger par contumace. Mais si j’avais un peu d’humour, je dirais que, peut-être, le problème sera qu’ils ne jugeront « que » par contumace. Mais c’est un autre problème.

    Le Juge Short voulait peut-être dire quelque chose. Je ne ferai pas un mauvais jeu de mots en disant qu’il faudrait être bref !


  • contribution 40 - SHORT Emile Francis

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    Civil law vs Common law

    Juge Emile SHORT


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    I will try to be brief. I had indicated to the organisers that I was going to speak on the legacy and impact of the Tribunal. But I realised that it will sound more like an academic discourse, and so I have abandoned the idea. I just wanted to talk about the common law or civil law system based on a lot of the observations that have been made in the course of the day and especially yesterday. I was trained as a common law lawyer. And I came to the Tribunal, you know, steeped in the common law tradition. But having sat in some of the highly complex multi‑accused trials trials, which involve a lot of events and a lot of issues, I am (...)
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    J.M. SOREL

    C’est une remarque très intéressante et ce qui sera le juste mot de conclusion. Je constate que les Juges eux-mêmes sont tout à fait conscients des améliorations nécessaires dans la procédure, c’est un point extrêmement positif.

    Alors, Arusha serait-il un contre-modèle et le modèle serait-il le Tribunal pour le Cambodge ? J’ai entendu aussi des choses pas toujours très positives sur le Tribunal sur le Cambodge.

    Nous sommes un petit peu en retard, mais nous avons commencé un peu en retard. En tout cas, ma mission est terminée.

    Je suis vraiment désolé auprès de tous ceux que j’aurais pu frustrer dans leur temps de parole, mais j’ai essayé de faire en sorte que tout le monde puisse s’exprimer le plus possible et sur tous les thèmes. Donc, maintenant, nous allons déjeuner et je vous remercie beaucoup.

    (Suspension de séance: 12h45)

    (Recessed at 12h45 pm)