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contribution 34 - MIGEOT Valérie

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Phase d’enquête - Production de la preuve

Valérie MIGEOT

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Je suis Enquêteur de la police belge. Pour revenir sur ce que Madame Florida Mukeshimana vient de dire, je ne vais pas parler du volet devant la Cour, mais du volet en amont, donc du contact pris avec les témoins en Belgique, pour la plupart, soit par les enquêteurs, soit par les représentants du Bureau du Procureur d’Arusha.

Ce que je peux dire de façon générale, c’est qu’il existe une différence de qualité dans les personnes qui se présentent et que nous devons assister en Belgique dans la façon dont elles prennent contact avec les témoins. Il ne ressort pas de ma qualité de me prononcer sur les critères de sélection dans le recrutement de certaines personnes au sein de ces institutions internationales, mais ce que je suis amenée à faire, en tant que représentant, moi-même, de mon État belge, c’est souvent de temporiser et de souligner le statut de la victime et de la personne rencontrée en sa qualité de victime.

Je sais que les objectifs et la stratégie du TPIR — on l’a dit, la common law et la civil law sont différentes à cet égard — fonctionnent comme un enjeu et selon une stratégie qui ne sont pas les nôtres, dans lesquels en tout cas, nous ne voulons pas rentrer. Et ce indépendamment du rôle de certains avocats de la défense dans les Cours d’assise dans notre pays, qui voudraient attaquer l’homme plutôt que le fond du dossier.

Mais je pense vraiment que pour une organisation internationale, le respect de l’humain et le respect de l’histoire du vécu de la personne qui, finalement, à la fin d’un très long processus, a ainsi la possibilité, après autant d’années, de se donner encore la volonté d’apporter son témoignage, donc cette petite pierre dans l’édifice devrait être, à cet égard, beaucoup mieux respectée.

Il y a encore beaucoup de choses qui seraient à dire à ce niveau-là, mais vraiment, et je suis contente que Monsieur Jallow soit là en tant que Procureur, et je sais que Monsieur Karegyesa fait de son mieux depuis qu’il est à son poste, je voudrais vous dire de ne pas perdre de vue le fait que certains de vos collaborateurs n’ont pas cette visée dans votre organisation.

C’est une organisation où il y a beaucoup d’argent et où les missions ont un caractère, parfois, je ne vais pas aller jusqu’à dire ludique, mais en tout cas, où il y a une possibilité d’abus. Abus qui se fait au détriment de la personne. De notre côté, en tout cas du côté de la Belgique, nous ne l’acceptons pas et nous ne l’accepterons jamais.

J.M. SOREL

Merci, Madame, pour ce témoignage. Monsieur Muna brièvement, s’il vous plaît.