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contribution 2 - FLOUR Yvonne

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Pr FLOUR :

Excellence, Mesdames et Messieurs, c’est au nom de l’Université Paris I que j’ai le grand plaisir et le
grand honneur de vous accueillir aujourd’hui dans cette salle pour le colloque qui nous réunis.

Tout d’abord, pourquoi, Paris I ? Parce que l’Institut d’Étude et du Développement, un des maîtres
d’œuvre de ce colloque, est rattaché à notre université et qu’il a produit un effort considérable pour son
organisation. Nous avons essayé de porter ce projet avec l’Institut et nous sommes particulièrement
heureux de le voir aboutir aujourd’hui.

Mais alors, pourquoi Genève, puisque c’est tout de même très loin de Paris I ? Parce que, dans cette
belle ville, où le visiteur est saisi dès qu’il arrive par une forte impression de sérénité, des rencontres
improbables qui partout ailleurs seraient impossibles sont rendues possibles.

Il faut, là aussi, vous en remercier et remercier notamment l’Académie du droit humanitaire qui nous
accueille aujourd’hui.

Je voudrais, bien sûr, remercier les organisateurs pour le très grand travail qu’ils ont réalisé, mais aussi
tous les participants et les intervenants à ce colloque. Il faut souligner en effet avant de commencer
l’originalité et aussi la difficulté de l’entreprise qui nous réunit.
Le colloque est une activité universitaire par excellence, nous savons tous ce que c’est, mais le
colloque d’aujourd’hui est très différent de ce que connaît habituellement l’université. Il ne s’agit pas
de s’emparer de la justice internationale pour en faire un objet de science, encore moins un objet
de discours. Il s’agit de restituer une expérience que chacun d’entre vous, à des titres différents,
a partagée.
Nous percevons bien que nous allons tenter de restituer de manière extrêmement forte et personnelle
ce que chacun d’entre nous avons engagé dans cette expérience. Pour en parler ensemble, il faudra
beaucoup d’humilité, probablement, et aussi beaucoup d’ouverture d’esprit. Je vous remercie d’avoir accepté de tenter avec nous cette expérience qui, je crois, n’a pas tellement de précédents. Pour la
juriste que je suis, c’est avec un intérêt tout particulier que nous verrons confronté le discours juridique
sur la justice à l’expérience de ses acteurs.

Je ne voudrais pas prolonger longtemps mon discours, sauf pour dire que le titre même qui a été retenu
par les organisateurs du colloque suscite quelques interrogations : « Modèle ou contre-modèle pour
la justice internationale ? » Y a-t-il un modèle en matière de justice ? Je ne dis même pas
internationale, mais en matière de justice. Il suffit de confronter les différents systèmes juridiques,
les règles de procédure de chaque pays pour voir qu’il n’y a pas « un » modèle, mais « des » modèles.
Chaque système, avec des règles qui lui sont propres, avec la culture qui lui est singulière, s’efforce
d’assurer l’impartialité du juge et la réalisation de l’idéal de justice. À l’intérieur de cette diversité
des systèmes, la justice internationale doit se frayer un chemin. Je ne crois pas qu’elle y réussira
en empruntant un modèle plutôt qu’un autre. Il lui faut construire son propre modèle, ce qui se fait dans
le temps. Je pense d’abord que vous y avez contribué par votre activité et que cette espèce
de relecture que nous allons faire ensemble de votre expérience pourra contribuer à apporter quelques
réponses à toutes ces questions.

Je ne m’étendrai pas plus longtemps sur le sujet qui va nous retenir pendant trois jours, ce n’est pas
le moment et ça n’aurait pas d’intérêt.

Je vais donc laisser la parole à Monsieur Dahinden.

Pr BURRIN :

Permettez-moi, juste avant de passer la parole à Monsieur Dahinden, de vous indiquer que Monsieur le Procureur Jallow nous rejoindra un peu plus tard. J’aimerais en profiter pour dire deux mots de reconnaissance très vive à l’endroit des deux institutions qui soutiennent et qui ont soutenu l’organisation de ce colloque et qui lui permettent d’avoir lieu. En premier lieu le Département fédéral des Affaires étrangères suisse et plus particulièrement, sa Direction du développement et de la coopération, représentée par l’Ambassadeur Dahinden. En deuxième lieu le Tribunal pénal pour le Rwanda, représenté par le Juge Byron. Je passe donc la parole à l’Ambassadeur Dahinden.