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contribution 13 - MUKESHIMANA Florida

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Bilan du TPIR

Florida MUKESHIMANA

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Merci, Monsieur le Président. Je voudrais évoquer ce que M. Nsengimana vient d’aborder. Il s’agit de réconciliation et de justice. Depuis trois jours certains participants disent que si l’on juge le crime du génocide on doit également juger les crimes commis par le FPR. Ils affirment que c’est ainsi qu’on arrivera à une vraie justice et à la réconciliation du peuple rwandais.

J’aimerais poser la question du peu de cas qu’on fait des assassinats politiques de 1994. Je voudrais souligner qu’il n’est pas anodin que les génocidaires aient d’abord éliminé les politiciens de l’opposition avant de commencer leur œuvre macabre. Personne n’évoque ce volet du drame rwandais, d’ailleurs on n’en parle jamais, depuis quinze ans. Le Rwanda, le TPIR, la communauté internationale, ils tous ont oublié ces hommes et ces femmes qui luttaient pour le changement.

Ma deuxième réflexion ne concerne pas le TPIR, mais je voudrais profiter de la présence d’éminents juristes, avocats, universitaires et autres intellectuels pour l’exposer. Le génocide a été préparé et commis par des Rwandais. Je crois que sur ce point, il n’y a pas de doute. Cependant, il y a des personnes, plutôt morales que physiques, qui ont facilité son exécution. Je peux me permettre de parler de l’ONU qui savait que des massacres à grande échelle se préparaient. Certains Etats européens détenaient également ce genre d’informations, ils ont facilité la tâche des génocidaires par la vente d’armes ou l’entraînement des militaires et des miliciens. Quand on a été victime de ce drame rwandais, on se pose des questions, on se promène avec cela et on s’interroge : « Mais la justice, où est-elle ? » Je peux me permettre d’évoquer l’abandon des casques bleus, du cas de l’ETO-Kicukiro, du cas de Ndera.

Ce sont là les questions qui hantent les victimes survivantes du drame rwandais et surtout celles qui s’étaient réfugiées auprès des Casques bleus de l’ONU. Voilà. Je tenais à faire ces deux réflexions.

Andrew CLAPHAM

Merci pour ces réflexions. C’est un des problèmes des tribunaux internationaux qui au bout du compte perdent parfois de vue les autres protagonistes. Il nous reste encore au moins deux intervenants, Mme Haskell et M. Amoussouga. Je demanderai ensuite aux Procureurs d’être brefs et de répondre de leur mieux aux multiples questions qui leur ont été adressées. Merci. Mme Haskell, vous avez la parole.