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contribution 18 - NSENGIMANA Nkiko

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Poursuites contre le FPR - Réconciliation

Nkiko NSENGIMANA

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Merci beaucoup. J’aimerais intervenir sur trois petits points très rapidement.

Monsieur Schabas a parlé de 25 000 morts hutus tués par le FPR et ce sont, selon lui, des statistiques sans importance par rapport aux autres morts. Srebrenica, c’était moins et c’est un génocide.

J’ai donc envie de dire aussi que le FPR n’a pas tué que ces 25 000 personnes, j’en connais beaucoup plus. J’ai la chance d’avoir été un acteur de la société civile rwandaise et j’ai la chance d’avoir vécu des situations précises. Par exemple, quand, après les Accords de paix, le 4 août 1993, 1 million de réfugiés venait de Byumba, pour la plupart, et de Ruhengeri, et étaient à la porte de la ville de Kigali, il y avait en effet 1 million de réfugiés que le FPR avait mis sur la route de l’exil intérieur en février 1993. Quand il y a eu les Accords de paix, je suis allé voir certaines organisations, notamment le CICR ou l’UNICEF, et nous nous sommes dit : « Mais maintenant, ce sont les Accords de paix, il faut que les gens rentrent chez eux. » En ce moment-là, il y avait trois zones : une zone contrôlée par le FPR, une zone qu’on disait « tampon », dans laquelle tout le monde se mouvait pour aller faire du renseignement ou faire peur à l’autre, puis la zone gouvernementale.

J’ai envie de dire qu’après la signature de l’Accord de paix d’Arusha, j’ai participé à ce qu’au moins 150 000 personnes, réfugiées, soient réparties vers la zone contrôlée par le FPR. Après, j’ai fait les comptes, j’ai contrôlé les chiffres de Byumba donnés par le gouvernement, ainsi que ceux fournis commune par commune ; à la même période, dans les camps de réfugiés, j’ai contrôlé cela aussi et j’ai fait les rapprochements. Monsieur Schabas, il manquait 100 000 personnes parmi les 150 000 que j’avais conduites là-bas. Ce n’est donc pas de 25 000 victimes dont il s’agit. On peut multiplier par d’autres exemples, si vous voulez, mais ce n’est pas ça l’important.

Une deuxième chose. J’ai envie de dire que le TPIR, c’est comme un médecin qui est en train de soigner deux maladies, toutes deux mortelles, mais qui n’ont pas la même urgence. Vous êtes en face d’une crise cardiaque, si vous ne la soignez pas, la personne va mourir dans très peu d’instants. Vous soignez donc d’urgence la personne, et je remercie ce médecin pour l’avoir soignée pour qu’elle puisse sortir de cette crise cardiaque. Mais le même malade souffre d’un cancer du foie, qui est tout aussi mortel. Je dis donc au même médecin : soignez ce cancer du foie, parce que si vous ne le faites pas, le malade dont vous avez soigné le cœur ne va pas survivre.

Enfin, j’ai envie de vous dire quand même que, pour avoir étudié un peu l’histoire de l’Allemagne nazie à ce que je sache Monsieur Schabas, les juifs n’étaient pas en guerre contre les nazis.

Merci, Monsieur le Président.

Vincent CHETAIL

Merci. Quelques derniers mots . Madame le Professeur Yvonne Flour.