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contribution 16 - NSANZUWERA François-Xavier

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Qui poursuivre ? - Témoins

François-Xavier NSANZUWERA

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Je voudrais retourner en arrière en partant des interventions du début de l’après-midi, quand nous parlions de politique des poursuites.

Je pense qu’il faut ramener dans nos débats un acteur que j’estime et qui n’est pas très représenté ici, à savoir les témoins. Demain, nous allons peut-être parler de l’héritage du Tribunal, nous parlerons de la jurisprudence, mais je pense que le travail, l’œuvre du Tribunal a été écrit par un acteur important : les témoins. Les témoins qui ont témoigné pour le Procureur ou pour la Défense.

Je pense que ces témoins, surtout les témoins rwandais, ont eu un rôle important dans la définition de la politique de poursuite, sans le vouloir. Et ceux qui ont mis en œuvre cette politique de poursuite devraient aujourd’hui, en regardant en arrière, se rappeler, justement, du rôle de ces témoins.

Quand sont arrivés les fameux enquêteurs dont nous avons parlés cet après-midi, notamment mes anciens amis hollandais parce que j’ai eu à travailler avec eux, ils ont quand même trouvé, des témoins du génocide qui étaient sur place. Même s’ils ne parlaient pas leur langue, les premières enquêtes effectuées l’ont été grâce à ces témoins, grâce à des rapports de la société civile, rwandaise et internationale, des rapports qui ont été faits sur la base de ces témoignages.

En quelque sorte donc, les survivants et les autres témoins du génocide ont joué un rôle dans ce choix de cibles.

Nous avons parlé de grands et de petits poissons, comme Don l’a dit. Il n’y a pas de grands et de petits poissons. Il est vrai qu’il y a des grands parce qu’ils occupaient des postes de responsabilité, mais je pense qu’en termes de responsabilité criminelle, il n’y a pas de grands et de petits criminels quand le crime lui-même est suffisamment grave, à savoir le génocide.

Ces témoins donc, ces survivants du génocide et les autres témoins ont joué un rôle, d’une certaine façon, dans le choix des cibles.

Mon ami Vincent a parlé de cette volonté de vouloir toucher les différentes sphères de la société rwandaise. Moi, je pense que ça s’explique. Ces témoins dont je parle, rwandais, connaissant le système politico-administratif dans lequel s’est déroulé le génocide. Il est normal que ce soit ce schéma dont vous avez parlé. Nous sommes tombés dedans sans que ça soit un schéma délibéré.

En résumé donc, au risque de me répéter, je pense que cet acteur qu’est le témoin du génocide a joué aussi un rôle dans ce choix de politique de la poursuite.

J.P. GETTI

Merci. Madame Haskell, s’il vous plaît.