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contribution 19 - FLOUR Yvonne

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Bilan du TPIR

Yvonne FLOUR

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Merci. Ce sera très bref. A moi aussi, on m’a retiré une casquette, alors j’essaie de la rattraper. Deux remarques simplement, pour terminer – ou presque – ce colloque.

Tout d’abord, je voudrais dire mon admiration pour tous les intervenants. Pas seulement pour les organisateurs, bien sûr, mais surtout pour les participants et tous ceux qui ont parlé pendant ces journées. J’avais souligné, dans mon bref propos introductif, que c’était une expérience très difficile, qui demandait de l’humilité d’abord et puis, beaucoup d’ouverture d’esprit et d’empathie. J’ai été frappée par la diversité des points de vue qui se sont exprimés – enfin, ce ne sont pas seulement des points de vue, ce sont des expériences vécues –, par la diversité des propos que l’on a entendus et, aussi, par la manière dont ces propos se sont croisés, se sont écoutés les uns les autres. Parfois, il y a eu des discussions assez frontales, mais toujours courtoises, et, me semble-t-il, une volonté de s’aider les uns les autres à comprendre ce qui s’était passé, sans compter l’expérience de chacun. Je repars donc avec beaucoup d’admiration pour l’ensemble des participants à ce colloque.

Par ailleurs, je suis venue avec une question et je crois que je vais repartir avec ma question. C’est une question pour universitaires fumeux : au nom de quoi rendons-nous la justice ? Dans la plupart de nos pays, la justice se rend au nom du peuple. Au début de tous nos jugements, cette phrase est citée : « Au nom du peuple français ». Évidemment, dans la justice internationale, c’est beaucoup plus compliqué. C’est une question qui peut paraître très naïve ou tout à fait absurde ou alors provocatrice, mais, en fait, elle a des liens très étroits avec celle des rapports de la justice et de la politique. Par exemple, ce matin, Monsieur Cruvellier le disait : peut-on rêver d’une justice sans politique ? En fait, la justice ne trouve pas en elle-même sa propre source et elle n’a pas en elle-même sa propre fin.

C’est une vraie question. C’est aussi une question qui est liée au débat sur la justice des vainqueurs parce que, en tout cas, une chose est sûre : on ne rend pas la justice au nom de la victoire. Puis, c’est lié aussi, je crois, à la question de la réconciliation, parce qu’il s’agit là d’un travail politique, c’est vrai. Mais au fond, rendre la justice, c’est aussi une fonction politique.

Voilà. Je n’ai aucune réponse à cette question, simplement, il me semble que même si elle paraît très fumeuse ou un peu théologique, nous avons intérêt à nous la poser et à tenter d’y réfléchir. Je vous remercie.

Vincent CHETAIL
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Merci. Je m’aperçois que j’ai fait, moi-même, une petite erreur et je dois encore donner la parole à Monsieur Muna. Je vous demanderais vraiment d’être très bref. Je suis désolé.