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contribution 13 - GUINDO Saïdou

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Peine et détention

Saïdou GUINDO

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Merci beaucoup, Monsieur Garapon. Je m’appelle Saïdou Guindo. Je suis le Commandant du centre de détention du TPIR. Depuis 1999. Je suis en charge de la gestion du quartier pénitentiaire, qui abrite tous les présumés coupables...

A. GARAPON

Ils sont surtout présumés innocents.

Saïdou GUINDO

J’ai fait exprès, j’ai fait exprès pour écorcher un peu les Avocats.

Ceci étant, nous sommes partis de rien au niveau du TPIR pour monter un centre de détention qui répond aux attentes des Nations unies. Cela, conformément aux normes internationales en matière de traitement de personnes soumises à une quelconque forme de privation de liberté.

Nous appliquons le Règlement du TPIR portant régime de détention du TPIR, mais aussi les règles du minima des Nations unies pour le traitement des détenus. C’était donc un défi à relever.

Nous avons commencé petit à petit. Ce n’était pas facile au début notamment à cause des habitudes qui s’étaient installées avant mon arrivée. De plus, les Avocats venaient de presque tous les continents avec des systèmes tout à fait différents, il y avait un défi relever pour répondre aux attentes.

Il fallait également respecter les droits des détenus sur tous les points et cela, conformément aux dispositions du régime partant détention des personnes poursuivies par le TPIR. Au niveau des conditions de détention, nous avons réussi. Nous avons pu mettre en place un système où les conditions de détention sont conformes aux règles minima en la matière. D’aucun diront que c’est un minima, mais certains diront que ce sont les maxima. Nous avons souvent entendu comparer notre centre de détention à un hôtel trois étoiles. Mais pour nous, rien ne vaut la liberté, rien ne peut remplacer la liberté.

Nous avons des facilités que nous avons accordées au niveau de ce centre. En commençant par les cellules, nous avons pu construire des cellules de 5 mètres 22 sur 2 mètres 15 que nous estimons satisfaire aux prescriptions en la matière. Dans ces cellules, nous avons fait en sorte que les détenus puissent satisfaire l’ensemble de leurs besoins naturels : accès a l’eau courante, à la lumière, être dans des conditions descentes pour dormir.

Au delà de ça, l’accès aux soins de santé. Nous avons également pu mettre en place un système leur permettant de pouvoir quotidiennement accès à un médecin. Des médecins viennent régulièrement consulter les détenus. Nous avons un petit short - stay room( Salle d’observation), c’est à dire une salle d’observation en cas de maladie avant une évacuation dans un centre hospitalier. Nos détenus ont accès à tous les soins, tous les médicaments, toutes les prescriptions, et souvent même, ils bénéficient d’une évacuation à l’extérieur. Et cela, je dis bien grâce à l’intervention des autorités du TPIR, notamment Monsieur le Greffier qui suit tout ça de près.
Au delà de ça, nous avons pu créer un environnement où les détenus peuvent se sentir à l’aise et font des exercices physiques et le sport, pratiquent la religion de leur choix etc. Ils prennent également des cours de mise à niveau ( Anglais et informatique).

Ils ont accès à leurs Avocats au centre de détention. Nous avons construit des parloirs pour les avocats et les visiteurs. Les Avocats viennent régulièrement leur rendre visite au centre de détention, et les visites sont facilitées. Bien sûr, il arrive souvent qu’il y ait quelques petits accrocs liés à la sécurité. Et là, je dis bien certains Avocats ne transigent pas. Nous autres également, nous ne transigeons pas. Cela pose donc des problèmes de sécurité pour un centre de détention d’un Tribunal pénal international.

Aujourd’hui, nous sommes fiers de ce que nous avons fait. Nous sommes entrain de transporter notre modèle au delà d’Arusha, presque partout en Afrique, surtout avec les pays qui ont signé les Accords avec le TPIR en matière d’exécution des peines. Dans ce cadre, nous sommes fiers de dire qu’avec la contribution et la clairvoyance du Greffier pu construire un quartier pénitentiaire à Koulikoro ( Mali ) . Nous avons également construit un quartier pénitentiaire au Benin. La liste est longue. Nous exportons notre expérience au delà des frontières même européennes, parce que depuis deux ans, je suis membre de l’Association Américaine des Services Correctionnels (The American Correctional Association- ACA) , et nous sommes sollicités pour des consultations. Et, je pense que ce modèle fait aujourd’hui la fierté du TPIR.

Juste un petit rectificatif par rapport à ce que Maître Roux disait tout à l’heure après Avant Vincent Rutaganira, il y eu des plaider coupables. Notamment Omar Serushago , et Omar Ruggiu. Je tenais à mentionner ce point. Je vous remercie.

A. GARAPON

Je vous remercie. Je crois que Aïcha Condé avait demandé la parole, ensuite Adama Dieng.