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contribution 38 - NSENGIMANA Nkiko

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Poursuites contre le FPR - Réconciliation

Nkiko NSENGIMANA

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Merci, Monsieur le Président. Je ne reviendrai pas sur ce que vient de dire Monsieur Degni-Ségui, je pense que c’est très important. Le fait que toutes les victimes soient reconnues est une chose très, très, très importante. Et je pense que je suis plus optimiste que Nsanzuwera, mais je ne vois pas, vraiment, de réconciliation si on s’arrête à mi-chemin. Et le Tribunal ne pourra pas afficher sa fierté s’il n’arrive pas à reconnaître toutes les victimes et à juger les principaux criminels, de quel côté qu’ils soient.

Mais je voulais surtout aborder une autre dimension de la réconciliation dont on nous parle souvent. On dit que l’enjeu est de réconcilier les criminels avec les victimes. Moi, je dis « non, non, de cette réconciliation là, je n’en veux pas. »

Un criminel doit d’abord se réconcilier avec la justice, demander pardon ensuite, montrer de l’empathie. Après, on va voir. Pour moi, la vraie réconciliation - et peut-être ça recoupe certaines interventions antérieures -, la vraie réconciliation, c’est entre les victimes. C’est entre les victimes tutsi et les victimes hutu qui sont aujourd’hui les otages, sur lesquelles la mainmise des extrémistes hutus et des extrémistes tutsis pèse, les tiennent en otage. Comment eux, plutôt, comment leur donner cet espace pour qu’ils puissent vraiment dire ce qu’ils ont vécu, pour qu’ils puissent, justement, témoigner et voir comment reconstruire culturellement, politiquement, institutionnellement, un système où toute vie, à l’avenir, chaque rwandais, de quel groupe national qu’il appartienne, puisse se sentir un peu plus sûr qu’il n’a plus peur, qu’il n’a plus la hantise de la disparition collective. C’est à eux de proposer un système et des institutions politiques capables de garantir de manière presque absolue le droit à la vie.

Donc, je n’accepte pas ces discours que j’entends, à Kigali ou ailleurs, de réconciliation entre les bourreaux et les victimes. La vraie réconciliation, pour moi, c’est entre les victimes, de quel bord ethnique qu’elles soient. Merci.