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contribution 35 - MPATSWENUMUGABO Alphonse

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Écriture de l’histoire - Enjeux des traductions

Alphonse MPATSWENUMUGABO

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Je vous remercie. C’est pour revenir sur ce que François-Xavier Nsanzuwera vient de dire. Il disait que la vraie histoire du génocide sera écrite par les témoins qui viennent déposer au TPIR. Je voulais en parler ce matin dans ce que j’avais appelé « relations de travail avec les parties », je veux dire le procureur et la défense. Effectivement, j’abonde dans le même sens que François, mais il faudrait que, pour l’héritage que ce Tribunal doit laisser au Rwanda, l’on pense à transcrire les dépositions des témoins qui sont faites en kinyarwanda.

Comme je vous le disais, lorsque nous, les interprètes de la cabine kinyarwanda, sous le feu de l’action, le témoin va très vite, il y a des informations de valeur probante, que ce soit pour l’accusation, que ce soit pour la défense, que nous n’arrivons pas à interpréter. Et à la fin de la journée, ça nous fait mal parce que telle information pouvait aider le procureur ou aider la défense.

Un témoin, par exemple, vient ; on lui demande : « Est-ce que vous avez entendu ce qu’on a dit ? Est-ce que vous avez vu ce que Interahamwe ont fait ? », en kinyarwanda, il va dire : « Ntabwo nabyumvise ». Alors, ça veut dire : « Je n’ai pas littéralement ». L’interprète n’est pas au courant du contexte parce que les parties nous cachent les éléments de travail. Et c’est ce que je voulais dire, c’est dans l’intérêt des parties de nous donner même les brouillons de leurs interventions.

Alors, l’interprète va dire : « Je n’ai pas entendu ce qui s’est passé. », alors que dans le contexte, le témoin veut dire : « J’ai été bouleversé, ça a été tellement fait vite que je n’ai pas réalisé ce qui s’est passé. » Mais moi, en interprétant, je donne un contresens qui va désavantager soit le procureur soit la défense.

Donc, pour compléter ce que François disait, moi, je pense qu’on devrait trouver les fonds pour transcrire tout ce qui a été dit en kinyarwanda. C’est ce que je voulais dire, je vous remercie.

A. GARAPON

Ce serait aussi important pour les historiens qui ne peuvent travailler que sur des documents bruts et les plus proches possible de ce qui a été dit. Comme interventions, Thomas Kamilindi a demandé la parole, ensuite René Degni-Ségui, et puis ensuite, nos amis du fond. Alors, Thomas Kamilindi.